Il faut commencer par une évidence -celle qui consiste à reconnaitre que Mme Binta Lally est une icône nationale. De Farba Tela et “Goonga ona” en passant par “Fouta Djallon”, ses chansons ont ébloui tout un monde et contribué de manière significative au rayonnement de la culture guinéenne. Et ce, à l’image de nombreux autres chansonniers légendaires de la musique traditionnelle du pays. Sur cette base, elle mérite d’avoir une vie décente, indépendante de toute forme de corruption dont celle qu’elle vient de subir de la part du chef de la junte guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya. Celui là même en offensive de charme pour rallier les artistes nationaux à ses efforts de confisquer le pouvoir que les guinéens ne lui ont pas donné.
Si ce n’est la nature injuste du système guinéen où les valeurs sont ignorées et réléguées au dernier plan au profit des plus médiocres, Lally serait riche et ne devait compter sur la charité publique pour gagner sa vie.
Cela dit, il est important de noter que le soi-disant don dont-on parle, comprenant une 4×4 et une somme d’argent, n’est en réalité pas un don de Mamadi Doumbouya. La voiture 4×4 est une propriété de l’Etat guinéen venant du garage du gouvernenement. La somme d’argent a été raflée de la Banque centrale. S’il ya crédit à donner – c’est aux contribuables guinéens-.
Comme ses prédécesseurs immédiats à la tête du pays, Doumbouya est un voleur. A l’origine, c’est un pauvre soldat dont le salaire mensuel ne dépassait pas $150. Avant le putch de l’an dernier, il n’avait ni argent ni parc automobile. On sait aussi qu’il n’a rien hérité de ses parents pour justifier sa fortune d’aujourd’hui.
Au lieu d’arrêter le folklore et se concentrer sur la bonne exécution de cette période de transition, il est entrain de voler et d’utiliser les biens publics pour acheter la conscience des pauvres artistes ainsi que de nombreux guinéens qui ont perdu la dignité humaine. Il veut que ces derniers soutiennent son ambition de garder le pouvoir illégal et illégitime qu’il assume depuis le 5 septembre 2021. Le soi-disant don à Binta Lally n’est ainsi pas une entreprise humanitaire. C’est un geste de corruption.
Espérons que la GRIEF prend bonne note des abus de pouvoir dont le chef de la junte guinéenne fait preuve depuis un an et qu’elle agirait le moment venu, c’est à dire après la transition. Alsény Ben Bangoura
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